Humans Were Water est une installation interactive mêlant eau réelle et eau numérique.
Elle interroge la façon dont la numérisation du monde reconfigure notre lien à l’essence des choses
C’est un cheminement entre cognition et perception, entre savoir rationnel et expérience sensible.
Description
Des prises de vue aériennes de lieux liés à l’eau, recolorisées selon les codes couleur de Google Maps, sont projetées sur un bassin de 1,5 x 1,5 m rempli d’eau réelle. Une voix de synthèse lit la définition de l’eau extraite de Wikipédia.
Les visiteurs se tiennent au-dessus, exclus de l’eau. Pourtant, chacun peut facilement y plonger les mains.
L’installation est équipée de capteurs infrarouges (interface-z IR) qui détectent les ondulations provoquées par les interactions. Lorsque des vagues apparaissent, la couche numérique de l’eau disparaît, révélant l’eau réelle. Simultanément, la voix de synthèse s’estompe et le son naturel de l’eau devient audible.
Les visiteurs passent alors de la couche cognitive à la couche sensorielle.
L’homme vient de l’eau : micro-organismes nés dans l’eau, puis poissons, tétrapodes… une longue lignée de bipèdes jusqu’à nous, Homo sapiens. Que reste-t-il de notre lien à la nature lorsque nous connectons le monde à travers des interfaces technologiques ? Ces interfaces deviennent-elles plus réelles que le réel ? Que se passe-t-il lorsque nous nous trouvons ici, à la frontière, à la lisière du réel et de sa représentation ?
Schéma

Readings
De la rigueur de la science – Jorge Luis Borges
"Dans cet empire, l’art de la cartographie atteignit une telle perfection que la carte d’une seule province occupait toute une ville, et la carte de l’empire, toute une province. Avec le temps, ces cartes démesurées ne suffirent plus, et le Collège des Cartographes élabora une carte de l’empire ayant la taille de l’empire, et coïncidant point par point avec lui. Les générations suivantes, moins attachées à l’étude de la cartographie, jugèrent cette carte immense inutile, et non sans une certaine impitoyable piété, la livrèrent aux intempéries du soleil et des hivers. Dans les déserts de l’Ouest subsistent encore aujourd’hui des ruines déchirées de cette carte, habitées par des animaux et des mendiants ; dans tout le pays, il ne reste aucune autre trace des sciences géographiques."
Simulacres et Simulation – Jean Baudrillard sur la fable de Jorge Luis Borges
"Le territoire ne précède plus la carte ni ne lui survit. C'est désormais la carte qui précède le territoire, c'est elle qui engendre le territoire et, s'il fallait reprendre la fable, c'est aujourd'hui le territoire dont les lambeaux pourrissent lentement sur l'étendue de la carte. C'est le réel, et non la carte, dont des vestiges subsistent çà et là, dans les déserts qui ne sont plus ceux de l'Empire, mais le nôtre. Le désert du réel lui-même."
Photos




Tech
Les vidéos aériennes ont été produites à l'aide d'une caméra sans fil fixée à des ballons d'hélium. L'interaction se fait par l'intermédiaire de capteurs IR interface-z. Le logiciel qui gère l'ensemble de l'installation (interaction et animations) est MaxMSP/Jitter.
Expositions
Le projet a été exposé au Centre culturel français (CCF) de Siem Reap au Cambodge.
Équipe
Le projet a été créé et développé par Philippe Chollet. Remerciements au Centre culturel français du Cambodge pour leur soutien. Merci à Ronan Durand, Sophal Hak, Samuel Bartolin, Chris Lane, Gauthaman Ravindran et Pascale Hancart Petitet pour leur aide.

